mercredi 11 mai 2011

P05 - Heinz Schütte Nhân Văn-Giai Phẩm - Năm mươi năm sau

Phụ lục 1:
Trích lời ghi cuộc trò chuyện với Nguyễn Hữu Đang ngày 21 và 24 tháng Năm, ngày 3 và 22 tháng Sáu 1999; ngày 30 tháng Mười và 2 tháng Mười Một 2000; ngày 15 tháng Mười 2002 (tiếng Pháp)
Extraits d’entretiens avec M. Nguyễn Hữu Đang à Hanoi les 21 et 24 mai, les 3 et 22 juin 1999; les 30 octobre et 2 novembre 2000; le 15 octobre 2002.[252]
Le soir du 21 mai 1999, Monsieur Nguyễn Hữu Đang avait déposé dans mon logement à Hanoi le message suivant:
“Cher Monsieur Heinz SCHUTTE,
Gràce à la diligence du poète Vu Cân, j’ai été informé de votre aimable désir de me rencontrer pendant votre présent séjour à Hànôi. Je m’empresse de vous faire part de mon grand plaisir à rencontrer un ami de G. Boudarel pour qui j’ai une grande estime.
Je vous laisse l’entière initiative quant aux détails de cette rencontre sauf le choix du moment et du lieu de rencontre qui doit être un accord de nous deux dans un éventuel coup de téléphone de votre part. Appelez le no. 7.560.391 de préférence entre 14 et 21 heures.
Bien à vous,
(signé) Nguyen Huu Dang
Plusieurs rencontres s’ensuivirent…
Je suis né à Thái Binh en 1913, l’année du buffle. Le buffle est condamné à une vie ingrate; il travaille beaucoup, jouit très peu… (grand rire) Je préfère l’hiver à l’été. Le froid me convient.
Bui Tin m’a écrit; il m’a encouragé à écrire mes mémoires… J’ai écrit un résumé de biographie: (il traduit du vietnamien) Résumé succinct du processus d’activités sociales de Nguyễn Hữu Đang. C’est une sorte de biographie, c’est à dire du commencement 1929-1931; 1932-1936 ; 1937-1939 ; 1938-1945 ; de 1943 à 1946; 1944-1945; 1946-1948-49-54, 56 Nhân Văn – Giai Phẩm. 1958-1973 prison; 1990 réhabilitation partielle, pour la forme. 1992 anniversaire de 80 ans, organisé par mes amis écrivains et intellectuels – oh, c’était grandiose ! (Il montre des photos et désigne :) La demeure de Phung Quan, poète et sa femme Phung Kung – ici une sentence parallèle… ce sont les prénoms de Phung Kung et de Phung Quan : on rencontre le moment, le temps actuel – Duong, c’est Dang… Phung, c’est Phung Kung… pendant l’époque contemporaine, Dang… nouvel ordre, nous sommes dans les temps modernes ; Dang est un bel homme… Des lettres d’un poète de talent autour du portique. Ici le compliment – Phung Kung, c’est-à-dire les deux organisateurs… le compliment pour chanter la longue vie de Nguyễn Hữu Đang… ici Phung Quan comme assistant. Ici ce cactus avec banderole rouge: le cactus est le symbole de Nguyễn Hữu Đang ; une vie (vécue) sèchement mais magnanimement. A la fin, il lit un poème chantant le cactus, et le poème se terminait ainsi : Cactus, oh cactus, es-tu vraiment cactus? ou es-tu le squelette d’un chevalier qui fut sous forme de cactus? (grands rires)…
Alors ce résumé succint – je ferai quelques petits remaniements et puis je le ferai taper à la machine, et je vous donnerai une copie…
… ma vie comme une phase de course, de relais – il y a des courses, des relais dans les activités sociales. Ainsi j’ai participé à une phase de cette course de relais. Maintenant, à l’âge de 86 ans, je me repose – j’ai le droit de me reposer. (il rit)
HS – Y-avait-t-il une tradition politique dans votre famille?
Pas du tout, mais ma famille et tous ceux qui m’entouraient, étaient plus ou moins anti-français. Ma mère qui était analphabète, inculte, elle ne savait ni lire ni écrire, mais entendant des français, elle les appelle toujours (par une expression) qui est une insulte pour les français. Mon père n’était pas anti-français, mais il n’était pas bon serviteur de l’administration. Il était chef de canton, notable, mais sans être pro-français. Il est un lettré, il garde sa dignité – pas un serviteur. A côté de mon père, mon frère anti-français participait à la grève des élèves de l’école pratique d’industrie, grève contre le directeur méchant, c’était en 1927/28. Mais à cette époque déjà, en 1927, il y a un oncle, le mari de notre tante paternelle, M. Lê Ngoc Ru, secrétaire de la section provinciale du Parti communiste de Nam Dinh. Il a été arrêté par l’administration colonialiste en tant que dirigeant du Parti communiste, et il est condamné à perpétuité et exilé à Poulo Condor. Là il a fabriqué une barque ou un radeau, et il s’est évadé dans l’océan avec le secrétaire général du P. C. de l’Indochine Ngò Gia Tu, cherchant à regagner le continent par la Chine, par la Malaysia ou bien par Saigon ou Hải Phòng, on n’en sait rien. Tous les deux ont trouvé la mort dans l’océan au cours d’un typhon imprévu.
C’était M. Lê Ngoc Ru qui avait éveillé le sentiment patriotique et révolutionnaire de mon frère aîné Nguyên Huu Rung, élève de l’Ècole pratique d’Industrie de Hải Phòng. Rung participait à la grève des élèves contre le Directeur brutal Camboulive (?) et fut arrêté et emprisonné un an. Mon frère me communiquait ses idées progressistes et me donnait des copies de poésie patriotique incendiaire comme le “chieu hon nuoc” – Appel à l’âme de la Patrie – de Phan Tât Dac, très célèbre à cette époque où commençaient déjà les activités du Parti nationaliste “Quôc dân Dang Viêt Nam” de Nguyên Thai Hoc, Nguyên Khac Nhu et Phó Duc Chinh…
En 1929, entraîné par les évènements politiques brûlants, je participais, sans comprendre ce qu’est le Marxisme, à l’Association des écoliers dirigée par le Parti des Jeunes révolutionnaires viêtnamiens (“Viêt nam thanh nien cách mang dông chi Hôi”) de tendance socialiste, fondé par Nguyên Aí Quôc en Chine…
Après un an d’activités clandestines, je fus arrêté et emprisonné. L’année suivante, je fus traduit devant le tribunal provincial mais grâce à mon jeune âge (17 ans) je profitais d’une mesure modérée de répression réservée aux “jeunes turbulents” avec la peine de surveillance au village natal.
HS – Dans les années 30, vous avez déjà travaillé avec Truong Chinh?
J’ai travaillé avec Truong Chinh à partir de 1936, à l’époque du Front Populaire. Je faisais partie de la rédaction permanente du journal du Parti avec Truong Chinh et Trần  Huy Liêu. Nous étions un trio pour la rédaction permanente du journal du Parti.
Le trio du Comité Permanent de la Rédaction du journal hebdomadaire “DOI NAY” (Temps modernes), organe du Parti communiste indochinois, en 1939:
Trần  Huy Liêu: vétéran révolutionnaire, d’abord membre dirigeant du Parti nationaliste “Viêt Nam Quôc dân Dang” de Nguyên Thai Hoc, puis converti au communisme au bagne de Poulo Condor et restera communiste influen auprès du Comité central jusqu’à sa mort.
Truong Chinh: Secrétaire de la Section du Tonkin du Parti communiste Indochinois.
Nguyễn Hữu Đang: Communiste (avant l’admission officielle au Parti).
J’ai commencé ma carrière de journaliste en 1937, lors du mouvement de Front populaire.
Truong Chinh deviendra Secrétaire Général du P. C. I. en 1941, après le retour au Viêt Nam de Nguyên Ai Quôc (alias Hô Chi Minh).
Politiquement, si je suis la révolution ce n’est pas parce que je crois au communisme. Pratiquement, lorsque je participais aux activités révolutionnaires dans la clandestinité, j’ignorais complètement le communisme. Je ne savais rien du marxisme, mais je participais aux organisations clandestines du communisme. A l’âge de 16 ans je répandais tous les tracts communistes, je faisais circuler tous les journaux communistes clandestins. Au 1er mai et à la cérémonie de commémoration de la Révolution d’Octobre, je grimpais sur les arbres, sur les piliers de maçonnerie, pour suspendre le drapeau rouge avec faucille et marteau, avec témérité, sans crainte de mort ni de prison. Mais j’ignorais complètement le communisme. Je participais à la révolution, c’est-à-dire au mouvement communiste à cause seulement de l’esprit antifrançais, de la haine du colonialisme. A 16 ans, toute organisation politique qui proclame la lutte contre les colonialistes français, j’y adhère, j’adhèrerai à n’importe quelle organisation – Parti communiste, parti X, parti Y et cetera, n’importe quel parti pourvu qu’il soit l’ennemi du colonialisme. J’appartiens au camp des ennemis du colonialisme, pas au camp des communistes. Communisme, connais pas. Marxisme, connais pas. A 16 ans, comment – lutte de classes, sais pas. Dictature du prolétariat, sais pas. C’est rien, je ne sais rien du communisme. Je commençais à savoir ce qu’est le communisme à partir de 1936 dans le mouvement de Front Populaire avec les livres et les journaux venus librement de France… C’est le Front Populaire qui a créé l’autorité du Parti communiste. Sans le Front Populaire, le peuple vietnamien ignorerait complètement le rôle du Parti communiste. C’est grâce au Front Populaire avec l’importation des journaux et des livres marxistes publiés en France. C’est cette époque de libéralisme colonialiste qui a renforcé l’influence des groupements du parti communiste vietnamien. Auparavant, tous les révolutionnaires vietnamiens sont anticolonialistes, des antifrançais. Plus tard c’est la résistance contre l’impérialisme français qui rassemble et renforce plus encore l’influence du parti communiste. Sans la résistance, peut-être le parti communiste n’aurait pas le pouvoir. On peut dire que c’est le retour des colonialistes français, l’offensive du corps expéditionnaire amené par Leclerc qui a provoqué la résistance, et cette résistance a rendu puissant le parti communiste vietnamien. L’origine du pouvoir du parti communiste vietnamien est l’attaque de Leclerc. C’est la menace du colonialisme français, de la deuxième conquête française au Vietnam qui a provoqué la résistance, et la résistance a élevé le rang, a créé la puissance du parti communiste parce que le parti communiste a su réunir autour de lui un front national. Sans la menace d’une deuxième conquête des colonialistes, comment le parti communiste peut-il réunir un front national autour de lui ? Et le front national le soutient dans la prise du pouvoir, autrement dit la Révolution d’Août, ce n’est pas le fait du Parti communiste mais c’est le fait de ce front national qui a réalisé la prise de pouvoir, c’est le front Viêt Minh.
… Pour Hô Chi Minh, liberté c’est la démocratie; démocratie c’est liberté pour Hô Chi Minh…
HS – C’est donc le thème de votre vie – les années 30 à 1954 : lutte pour l’indépendance ; depuis 1954 : lutte pour la démocratie…
Exactement cela! Deux périodes, deux étapes – exactement. Pour la lutte pour l’indépendance, j’étais deux fois emprisonné par l’administration française avant la Révolution d’août. Et dans la seconde phase j’étais arrêté une fois par le gouvernement vietnamien, un gouvernement socialiste.
HS – Quand et pourquoi y a-t-il eu rupture entre vous et Truong Chinh?
Après la suppression répressive du journal “Nhân Văn”. Ma position était intransigeante, c’est-à-dire sans soumission à la discipline du Parti, ce qui implique une attitude d’opposition politique, voire même de dissidence.
HS – Avez-vous collaboré avec Hoàng Minh Chinh déjà pendant les années 50? Vos idées sont très proches.
Je n’ai jamais collaboré avec Hoàng Minh Chinh, même pas dans les colloques ou dans l’organisation des jeunes ou dans une publication, livre ou journal – non, je n’ai jamais collaboré avec Hoàng Minh Chinh, mais je suis son ami depuis 1939 dans le mouvement contre l’analphabétisme. C’est dans ce mouvement que je l’ai connu, mais pas de collaboration étroite. Mais c’est un ami de vieille date…
HS – Avez-vous assisté au Congrès de la Culture au Viêt Bac en 1948?
Oui. J’y étais présent.
HS – Y a-t-il eu discorde entre vous et le secrétaire général Truong Chinh à partir de ce moment à cause de ses thèses?
Il y a eu un désaccord entre lui et moi mais pour d’autres raisons, par exemple la division du travail révolutionnaire qu’il décidait pour moi n’était pas juste ; j’en subissais les conséquences néfastes. Je souffrais trop de changements peu rationnels. Plus tard, il a reconnu ses erreurs. C’est sur ces entrefaites que j’ai quitté le domaine purement politique pour me consacrer – plutôt revenir – aux activités culturelles. Finalement, j’ai demandé le poste d’Inspecteur général de l’enseignement populaire se chargeant de la tâche de diriger la lutte contre l’analphabétisme.
HS – Est-ce que les thèses sur la culture du PC indochinois de 1941 étaient à la base du rapport de Truong Chinh de 1948?
Truong Chinh est bien le vrai novateur de la culture marxiste au Viêt Nam. C’était en 1943 qu’il rédigeait le document dit “Dê cuong van hóa moc” (Les grandes lignes d’un mouvement culturel proposé par le Parti). Il décida de me remettre dans l’ancienne spécialité qui était le domaine de culture et me chargea de manœuvrer parmi les intellectuels écrivains et artistes pour fonder la “Société culturelle pour la libération nationale” (Van hóa cuu quôc) qui durait jusqu’en 1948. En effet, j’ai organisé le Premier Congrès national de culture en Novembre 1946 à Hanoi. Ce qu’on appelle le “Congrès culturel de 1948” n’était qu’un palliatif dans la situation difficile de la résistance générale. Dans ce congrès, Truong Chinh lut une communication qu’il n’a pas pu présenter au Premier congrès vraiment national organisé en Novembre 1946. En réalité, les membres du Congrès de 1948 sont presque tous les membres du Parti présents au Nord Viêt Nam et ne discutent que des questions de seconde importance.
HS – En ce qui concerne les thèses de “Marxisme et Culture” (1948), vous n’étiez pas tout à fait d’accord?
Dans cette communication (Le marxisme et les questions de culture au Viêt Nam), Truong Chinh a insisté trop sur le rôle de l’idéologie marxiste-léniniste au détriment des acquisitions culturelles depuis plusieurs siècles. Je fus obligé de proposer un amendement: Supprimer les passages affirmant d’une manière trop optimiste les résultats futurs de cette voie de développement. Plus tard, dans le Bulletin du Parti, Truong Chinh critiquait mon attitude considérée comme manquant de conviction orthodoxe.
HS – Vous avez également travaillé avec Nguyen Dinh Thi?
Nguyen Dinh Thi n’a collaboré avec moi que dans les premiers pas de l’Association culturelle pour le salut du Viêt-Nam (Hôi Van hóa Cuú quôc). Nous étions deux co-auteurs du Manifeste de l’Association publié en brochure en août 1945 dès le retour à Hanoi du Gouvernement Provisoire. Ce manifeste s’est inspiré des idées de Mao Tse Tung lors des causeries à Dziên An. Le Projet de Culture du Parti communiste reprendra ces idées comme fondement théorique.
HS – Puis-je vous demander de me parler de la vie de tous les jours dans la prison?
On m’a souvent demandé le secret qui m’a aidé à vivre pleinement ma vie dans la prison. Je suis bien portant, je suis optimiste, je continue à spéculer en philosophie, en politique et cetera, c’est-à-dire je mène une vie normale dans la prison aisément. Je n’ai pas connu de peine, de fatigue, de tristesse, de douleur, de repentir, de haine, non, non, rien du tout. Je vis normalement comme chez moi avec les autres prisonniers.
HS – Avec des livres?
Non! Non! C’est la prison la plus sévère du Vietnam.
HS – Ici à Hanoi?
Non, à Gian, à 20 km de la frontière chinoise, sur la crête de la montagne, à mille mètres d’altitude – toute l’année on porte des vêtements ouatés; la température moyenne descend à 10, à 5 degrés; la nuit c’est 0 degré. Alors c’est la prison la plus sévère…
HS – Donc pas de livres du tout…
Rien du tout! Il n’y a pas de régime pour les détenus politiques, non, nous sommes emprisonnés comme les criminels… C’est l’indifférence qui annulait tous les méfaits de la prison, de la peine de prison. La prison, je ne connais pas ; la répression, je ne connais pas. Vivre et mourir ici, ça m’est égal.
HS – Die Welt als Wille und Vorstellung selon Schopenhauer (1819) / Le monde est volonté et ‘représentation’ (imagination).
Exactement! Pour moi, dans la prison, pour ma pensée, toute forme de vie, tous les degrés de la civilisation dans chaque vie, si diverse –  il y a mille manières de vivre. Mais toutes les manières de vie se ressemblent dans l’essence. Je vis chez moi, je vis en qualité de vice-ministre, en qualité de publiciste, en qualité de riche, de pauvre – toute forme de vie. Pour moi la vérité est dans le Taoisme et non pas dans le Marxisme.
On a déclaré dès notre arrivée à la prison: Vous devez vous rappeler que, une fois arrivé ici, vous ne rentrerez pas, vous resterez ici jusqu’à la mort. On a déclaré ça – le surveillant en chef de la prison déclare officiellement, publiquement devant tous les détenus politiques: Une fois arrivé ici, vous ne rentrerez pas, vous ne sortirez jamais de ce lieu. Soyez contents de votre sort. Quoique votre peine soit 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans – et pourtant vous resterez ici jusqu’à la mort. Pourquoi? Parce que vous, réactionnaires, traîtres à la patrie, traîtres à la révolution – vous méritez la mort. C’est par indulgence, par bienveillance, par humanité que le gouvernement vous laisse la vie sauve, mais vous rendre la liberté – jamais! Vous rendre la liberté c’est rendre la liberté aux tigres – vous resterez ici jusqu’à la mort.
HS – C’est le discours de Tô Huu…
La peine de tant ou de tant d’années importe peu, ça ne compte pas. Aucune relation avec l’extérieur, pas de lettres, pas de visites, pas d’envoi d’argent ou de cadeaux ou de vivres – non, vous ne recevez rien de vos amis ou de votre famille. Vous n’avez pas le droit de recevoir une visite ici, pas de contact avec l’extérieur. Vous vivrez exclusivement entre vous, prisonniers, détenus politiques. Votre monde, votre humanité pour vous, c’est deux cents prisonniers – non pas de compatriotes, pas de concitoyens; pour vous, il n’y a rien, il n’y a que deux cents co-bagnards du même sort… Je connais et je suis bien informé de l’attitude fanatique, extrêmement tyrannique, brutale, inhumaine de Tô Huu. Il avait une grande rancune pour le groupe “Nhân Văn – Giai Phẩm”. C’est le “Nhân Văn – Giai Phẩm” qui est pour Tô Huu, comme le dit un proverbe vietnamien, un ennemi ne doit pas vivre sous le même ciel… Tô Huu et les humanistes et les belles oeuvres ne peuvent pas vivre sous le même ciel – ennemis… Tô Huu et Truóng Chinh étaient rancuniers.
HS – Pourquoi?
Parce qu’ils étaient critiqués par ce mouvement. Ce mouvement critique un état de choses, mais cet état de choses est représenté en la personne de Tô Huu et de Truóng Chinh – la dictature, la tyrannie, l’étroitesse de la ligne politico-culturelle… Je ne sais pas si on a mal interprété l’éditorial que j’ai écris au numéro six qui n’a pas été diffusé. Peut-être c’est une malinterprétation, une interprétation erronée – c’est une interprétation exagérée. Cette exagération, cette méprise a dramatisé l’éditorial. J’ai parlé de la constitution chinoise qui a préconisé une liberté de meetings et de manifestations – avec même cette condition que le gouvernement apporte aux gens du peuple des moyens pour se réunir en meetings, pour organiser des manifestations. C’est écrit dans la constitution chinoise. Alors j’ai fait une citation pour affirmer que même en pays socialiste, les libertés démocratiques peuvent être respectées. Alors on a calomnié l’éditorial le présentant comme un appel au soulèvement, et c’est avec cette exagération ou avec une déduction calomnieuse – je ne sais pas si c’est de bonne volonté ou de mauvaise foi, je ne sais pas. Mais enfin, c’est cet éditorial qui décide la fermeture du journal et qui fait la clé d’accusation pour intenter un procès contre le dirigeant d’un mouvement dissident. Après m’avoir emprisonné provisoirement à la prison de Hoa Loa à Hà Nôi, on a voulu transformer le procès de liberté de presse en procès d’espionnage. On a projeté un procès dans ce sens, mais je ne le sais pas alors – on m’a demandé de m’habiller correctement, on m’a donné un petit déjeuner très substantiel pour me présenter devant le tribunal avec la clé d’accusation de procès d’espionnage. Mais je ne sais quelle était cette intervention – attendre 7 heures, vous attendez à 8 heures, vous attendrez à 9 heures, vous attendrez à 10 heures – ah, c’est ajourné, c’est ajourné, allez, revenez dans votre cellule. Alors on change l’accusation – pas de fait d’espionnage. C’est une affaire de sabotage par les publications tout simplement: Dans les publications Nguyễn Hữu Đang et quelques autres ont réalisé un sabotage politique, selon la teneur du procès. Mais la propagande ne manquait pas de parler d’affaire d’espionnage – on en parlait, mais on ne le poursuivait pas devant le tribunal. Sans accusation, sans procès, on continue par la propagande à faire croire qu’il y a une affaire, qu’il y a des activités d’espionnage dans ce procès. C’est la méthode essentielle communiste. C’est-à-dire on avance des informations ambigues – libre à vous de croire à ceci, de croire à cela.
HS  – Vous avez essayé de partir vers le Sud?
Passer à l’étranger, non pas le Sud, mais j’ai posé cette condition: Si vous m’aidez à partir pour un pays étranger, j’accepte, mais partir pour le Sud, je refuse car ça implique une idée de trahison, de passer dans un camp adverse, dans un camp ennemi – je refuse. C’est une honte. Vers le Sud – pour quoi faire? Arriver au Sud pour quoi faire avec Ngo Dinh Diem ? Mais je veux bien partir pour l’étranger – je l’ai dit carrément à Truóng Chinh en une entrevue entre lui et moi. La première question que Truóng Chinh m’a posé en riant: Eh bien, comment, vous avez déclaré aux camarades que vous préfériez partir pour l’étranger, l’atmosphère dans le pays était irrespirable. Alors, vous désirez partir pour l’étranger, mais c’est un pays étranger du camp socialiste ou du camp impérialiste, dites moi. (il rit) Alors je réponds en riant : Je veux bien partir pour l’étranger, pour un pays du camp socialiste si les conditions le permettaient, c’est ce que je veux. Mais si les difficultés m’obligent à partir pour un pays du régime bourgeois, je peux accepter. Car on peut rester patriote, révolutionnaire dans un pays de régime bourgeois. La preuve c’est que le président Hô Chi Minh a séjourné en France, et il a conservé son patriotisme et son esprit révolutionnaire, et je peux faire comme lui. Je pense que je peux faire comme Nguyên Ai Quôc. Nguyên Ai Quôc est un révolutionnaire, moi je suis un révolutionnaire. Nguyên Ai Quôc est un communiste, moi je suis aussi communiste. Nguyên Ai Quôc a du courage, moi j’ai aussi du courage. Je ne crains pas un séjour plus ou moins long dans un pays bourgeois. Alors on a préparé… – cet ami qui me conseille de partir pour l’étranger a accepté de m’aider à gagner un pays étranger, mais pas le Sud Vietnam! Il l’a promis, mais ce voyage n’a pas été réalisé. Donc je manquais une occasion de partir pour un pays étranger – soit dans le camp bourgeois, soit dans le camp socialiste – mais ce n’est pas du tout le Sud que je vise! J’ai dit que, ou bien en passant la frontière vietnamienne-lao, puis à travers le Laos je gagne la Thailande, voilà c’est l’itinéraire dont je rêve, mais jamais je ne passerai par le Sud, même un seul jour – non ! Mais pour pigmenter le texte de l’accusation, on a introduit cette phrase que j’ai voulu gagner le Sud. Alors j’ai répondu au tribunal: Non, je n’ai pas voulu gagner le Sud; je veux partir pour l’étranger. Et on m’a demandé: Mais à l’étranger, que ferez-vous? “Lutter pour l’unité, pour l’unité des deux zones; à l’étranger je continurai de lutter pour réaliser l’union nationale, l’union entre le Nord et le Sud.” A cette déclaration l’auditoire… le tribunal comprenait les pro-gouvernementaux, les partisans, des membres du Parti, les cadres des différentes organisations et activités – alors comme ils étaient tous antihumanistes, ils éclataient de rire pour se moquer de mon intention de lutter pour l’union nationale: Mais on ne peut lutter pour l’union nationale que sous la direction du Parti – mais vous, vous partez à l’étranger et vous prétendez lutter pour l’union nationale, c’est ridicule! On a éclaté de rire – je me moque de l’ironie de ces gens. Dans ce voyage pour m’expatrier à l’étranger, j’aurai voulu visiter l’Inde et la Yougoslavie de Tito, j’ai confiance en Nehru et en Tito. Je voudrais bien les rencontrer et leur demander conseil pour lutter pour le Vietnam divisé, pour que le Vietnam soit réuni et gagne l’indépendance. Je voulais rencontrer Tito et Nehru…
Il faut dire que le régime pénitencier réservé aux détenus politiques sous la domination colonialiste était beaucoup plus humanitaire que le régime pénitencier communiste. Pourquoi? Parce que le régime pénitencier colonialiste a été plus ou moins contrôlé par le gouvernement français de la métropole, c’est-à-dire sous le contrôle de l’opinion, c’est-à-dire qu’une partie de ce contrôle appartient au public et aux organisations démocratiques, par exemple la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen et des journaux… C’est absurde, mais c’est la réalité! Et le régime pénitencier politique dans les prisons communistes est plus sévère que le régime réservé aux condamnés du droit commun.
Dans la prison j’ai déclaré à mes voisins que si je savais cette distinction, c’est-à-dire droit commun (des hommes égarés dans la masse du peuple) et prisonniers politiques (ennemis du peuple), si je savais cette différence, j’aurai dû me faire voleur, escroc, assassin et non révolutionnaire. Je ne participerais pas à la révolution, mais je participerais aux activités de ces agents antisociaux. Je suis assez apte dans les prisons. (il rit) D’abord, le trait essentiel c’est l’insuffisance de nourriture. On peut dire que dans la prison la plus sévère, les détenus politiques sont condamnés à la faim permanente et au froid permanent. Et ce sont la faim et le froid et les maladies – ces trois facteurs ont épuisé la santé des prisonniers politiques. C’est-à-dire les détenus politiques sont condamnés à une mort lente. Epuisé par la faim, le froid, les maladies, c’est une mort lente – on n’attend que la mort. Au point de vue de la future culture minimale ou dans la vie normale des hommes, les détenus politiques de la prison qui était la mienne, aucune information soit par la radio de La Voix du Vietnam, soit par les journaux pendant 15 ans – rien du tout, rien du tout. Chaque semaine comme toute information, le surveillant général organise une réunion de tous les prisonniers. Dans cette réunion le surveillant général donne des nouvelles de la guerre vietnamo-américaine, des victoires  remportées sur les forces expéditionnaires américaines – c’est la seule information par la voix du surveillant-général. Et c’est tout. Les familles des détenus politiques ne savaient pas le sort de leurs enfants, de leurs frères. Si les membres de famille vivent encore ou s’ils sont déjà morts – on ne le savait pas. Lorsque le Traité de Paris me rendit la liberté, j’ai écrit à ma famille – on me permet d’écrire à ma famille pour l’informer de mon retour à la liberté. Alors la famille s’émerveillait, toute la famille était tout à fait stupéfaite : Oh, mais voyons, Dang vit encore, nous croyons qu’il était mort depuis longtemps. Aucun contact avec l’extérieur, aucun contact avec la famille, avec les amis, avec qui que ce soit… Le monde pour nous était un rassemblement de 200 prisonniers dans une enceinte de murailles en pierres, une muraille en pierre haute et surmontée de fils barbelés – ça c’est le monde pour nous; il n’y a pas d’autre monde.
HS - Dans votre village, depuis 1970, aviez-vous des liens avec ‘le monde’?
Si, un tout petit peu, un tout petit peu de liens – pas de journaux, pas de livres, pas de réunions à participer, pas de causeries, pas de contacts… un tout petit lien avec le monde, pas beaucoup et négligeable.
HS - Avez-vous retrouvé votre famille en sortant de la prison?
Avant de sortir on m’a autorisé à écrire à ma famille. Avant de quitter la prison, on a autorisé mes deux frères à venir me voir, m’apporter des gâteaux, des viandes, de la nourriture.
(Le 3 juin 1999, nous – Nguyễn Hữu Đang, ma femme et moi – parlons sur le Nhân Văn-Giai Pham; il propose de téléphoner à Lê Đạt afin que je puisse le rencontrer…)
- C’est un poète intelligent, cultivé et dynamique. Je crois qu’il pourra vous être utile. Tandis que pour ma part depuis quelques jours j’ai l’intention de vous écrire pour vous présenter premièrement mes excuses au sujet du manque de réponse à votre questionnaire ; deuxièmement pour vous exposer ma situation qui n’est pas propice à rédiger de telles réponses qui demanderaient peut-être une centaine de pages si je les rédige en bonne forme…
(Au lieu de cela, je lis quelques unes de vos) questions et je réponds immédiatement.
HS – Quel rôle a joué le philosophe Trần  Duc Thao dans les Cent Fleurs, c’est-à-dire dans ce mouvement d’Humanisme et de Belles Œuvres?
Son rôle n’est pas important. Il a écrit seulement un article dans les Belles Œuvres insistant sur la nécessité de développer l’individualisme. C’est contre les formules communistes-staliniennes qui ont voulu que l’individualisme soit écarté radicalement. Au contraire, Trần  Duc Thao affirme qu’il faut développer jusqu’à sa dernière limite l’individualisme car toutes les créations culturelles sont individuelles. Ce n’est pas par la collectivité qu’on peut fournir des créations en littérature, en arts, et même en science. La science, dans les découvertes scientifiques, il y a la contribution de la collectivité, mais pour atteindre jusqu’au résultat positif, concret – c’est toujours le travail personnel d’un savant. A cette époque le service de propagande et d’éducation du Parti communiste s’opposait aux vues de Trần  Duc Thao. Mais il n’a écrit qu’un seul article, et dans la direction du mouvement Humanisme et Belles Œuvres, Trần  Duc Thao reste presque à l’écart. Il nous laisse la pleine initiative.
HS - Etiez-vous invité au stage de formation politique des écrivains (pendant 18 jours) en août 1956?
Oui. Non seulement on m’avait invité, mais j’ai le droit d’y participer. Avant le mouvement Humanisme et Belles Œuvres je fus un membre de grande confiance du Parti dans le domaine littéraire et artistique. On m’a proposé de travailler dans cette séance d’études, on m’a proposé de participer à la cellule numéro 2 de littérature qui comportait des intellectuels et écrivains de l’ancienne capitale de Hanoi. Ils étaient plus cultivés que les écrivains et artistes revenus de la résistance. Comme ils sont plus cultivés, ils posaient des questions difficiles pour l’enseignement, pour la formation théorique en matière politique pour des écrivains et artistes dans ces 18 jours de séance d’études. Alors la direction croyait que je devais participer à cette cellule pour guider les études théoriques de documents cruciales et le Manifeste du Parti Communiste. Le Manifeste du Parti Communiste est un document qui résume toute la doctrine communiste, mais en termes concis, condensés. Alors il faut un membre plus ou moins compétent en la matière pour expliquer aux anciens intellectuels de la capitale qui avaient lu André Gide, Kravchenko etc. Boudarel a bien relaté mes activités dans cette séance d’études de 18 jours, Boudarel a bien refleté les péripéties de ces discussions.
HS - Pensez vous que le régime vous a considéré comme la tête politique de la dissidence?
Je n’ai jamais renié ou dissimulé cette responsabilité.
HS - Pourquoi la romancière Thụy An (de son vrai nom Luu Thi Yên) et l’éditeur Minh Đức ont-ils été traduit devant le tribunal en même temps que vous?
La séance du jugement du tribunal, organisée pour l’accusation de moi-même, de Thụy An et de l’éditeur Minh Đức a pour but de présenter au public un procès contre ceux qui sont considérés comme les saboteurs du régime révolutionnaire. Nguyễn Hữu Đang, organisateur et dirigeant du mouvement, Minh Đức, l’éditeur répondant à ce mouvement, et Thụy An considérée comme contestataire fanatique – ces trois saboteurs doivent être jugés dans la même séance. C’est un procès contre le sabotage politique du régime. Au premier abord on a cru me condamner pour avoir porté atteinte au statut de la publication de journaux, mais après on a changé la clé d’accusation pour me présenter comme un des principaux saboteurs politiques du régime. Plus encore on a considéré Thụy An avec ses relations avec les français dans l’occupation, particulièrement avec M. Maurice Durand, le directeur de l’Ecole Française d’Extrême Orient à Hà Nôi. Alors on a voulu présenter Durand comme un agent d’ espionnage laissé par les autorités françaises qui se retiraient… Alors comme Thụy An avait beaucoup de relations étroites avec M. Durand et comme celui-ci est soupçonné d’espionnage, on soupçonne en même temps Thụy An. Et comme Thụy An est considéré comme agent d’espionnage, Nguyễn Hữu Đang qui avait quelques relations dans le mouvement Humanisme et Belles Œuvres avec la romancière et publiciste Thụy An… Avant la Révolution, Mme. Thụy An a publié le journal Dàn bà, Les Femmes. Elle en est directeur, propriétaire et rédacteur en chef. Alors on a greffé les activités de Nguyễn Hữu Đang aux activités de Mme. Thụy An pour présenter Nguyễn Hữu Đang comme un écrivain et publiciste ayant des relations étroites avec l’espionnage. Le jour de la séance du tribunal, le journal « Hà Nôi Moi », « Nouvel Hanoi » publie en grands titres en première page : Les espions Nguyễn Hữu Đang et Thụy An ont été jugé par le tribunal populaire et condamné à 15 ans de prison. C’est un procès d’espionnage. Lors de mon jugement on a ruminé de me condamner comme un agent d’espionnage avec Mme. Thụy An, mais on a changé l’accusation. Le premier jour, au premier abord, s’est concentré l’accusation d’un agent d’espionnage avec Thụy An, mais on a changé l’accusation pour me présenter comme un des principaux saboteurs politiques du régime. Et, par conséquent, je dois recevoir la peine de 15 ans de prison – non pas pour affaire d’espionnage mais pour affaire de sabotage.
HS - Les contestataires écrivains-artistes de 1956 ont été réhabilités en 1986/87… Etiez-vous parmi ceux à être réhabilités?
La réhabilitation a été citée au VIe Congrès national du Parti communiste avec Nguyen Van Linh comme secrétaire général. Mais dans cette résolution du VIe Congrès il a été spécifié dans un article supplémentaire que la réhabilitation doit être partielle et non publique… tous ceux qui ont été condamnés par erreur ou par exagération doivent être réhabilités, mais partiellement et non publiquement… tout le monde ne jouit que partiellement de la réhabilitation. Et tout le monde doit être réhabilité discrètement…
HS - Sans reconnaître l’erreur… Qu’est-ce que veut dire ‘discrètement’?
Sans publication – on ne proclame jamais que ceux-ci, ceux-ci sont réhabilités – non, on ne l’a jamais dit. Même maintenant. Si on me demande: Dang est-il réhabilité ou bien non? Mais il n’a jamais été réhabilité, personne ne l’a réhabilité! Car cela n’a pas été publié. Ce n’est que discrètement, dans l’intérieur…
HS - … pour ne pas reconnaître les erreurs?
Le Parti communiste vietnamien n’a jamais accepté une erreur si petite soit-elle, jamais d’erreur, toujours juste, toujours clairvoyant… Une seule erreur – de la réforme agraire. On a proclamé que le mouvement humaniste, Humanisme et Belles Œuvres, a voulu multiplier l’erreur de la réforme agraire – il n’y a qu’une seule erreur, mais ces contestataires veulent faire comprendre au public qu’il y a plusieurs erreurs – non, il n’y a qu’une seule, une seule. En somme, je répète, il n’y a pas eu de réhabilitation. Personne n’a été réhabilité officiellement.
HS - Pourrais-je publier un article sur nos rencontres ? Qu’est-ce qu’on ne peut pas publier?
Non, vous ne devez pas publier même un tout petit article car, en principe, une collaboration même sans ambiguité avec un étranger, par principe doit passer par l’entremise des organes de sécurité, les organes de police politique. Comme notre rencontre ne passe pas par l’entremise des services de sécurité, une telle publication peut poser des questions, des suspicions: Mais qu’avez-vous fait avec cet étranger? Nous n’avons aucun contrôle sur vos activités, et nous ne connaissons pas son point de vue. Alors nous posons des questions sur ça. Donc – ne rien dire. Ne rien dire !… Je cite un exemple. Madame Thuy Khuê – vous connaissez Madame Thuy Khuê? Madame reporter de la radio RFI  (Radio France Internationale) m’a proposé une interview sur le mouvement de lutte contre l’analphabétisme. On n’a pas permis de parler par téléphone de France au Vietnam ; à deux reprises notre causerie a été coupée. Alors l’interview a été arrêtée. Comme l’interview n’a pas été organisée par l’entremise des organes de sécurité, on a coupé notre causerie, on a supprimé lereportage à deux reprises. Par téléphone Mme. Thuy Khuê me demandait une interview de France, mais on coupe…
Nguyễn Hữu Đang est mort le 8 février 2007. Je me considère désormais délié de ma promesse d’alors de ne rien publier sur nos rencontres.
Trở lại Mục Lục